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mardi 17 octobre 2017

Urgence à se manifester sur la discrète enquête publique pour les éoliennes d'Artigues et Ollières (Var)



Ce projet d'un parc de 22 éoliennes produisant 44 MW est soumis à enquête publique pour un mois jusqu'au 20 octobre 2017 inclus. Le permis de construire proprement dit a déjà été accordé. L'enquête concerne spécifiquement la demande d’autorisation de défrichement présentée par la SAS Provencialis pour une superficie totale de 2,5 ha environ sur les communes d’Artigues et d’Ollières.
Implantation prévue du parc éolien (en rouge, cliquer sur la carte pour agrandir)

Bien que ces communes soient situées hors du périmètre du Grand Site Sainte-Victoire, l'impact paysager et écologique sera non négligeable pour le massif. Les éoliennes seront implantées à 11 km du Pic des Mouches, sur le plateau des Pallières, site visible à longue distance et avant-poste de la montagne elle-même (voir carte). Les effets sur la faune sont potentiellement importants pour les oiseaux et les chauve-souris. L'avis de l'autorité environnementale (DREAL-PACA) est d'ailleurs, à ce stade, réservé, car plusieurs insuffisances sont mises en évidence dans l'étude d'impact proposée par Provencialis.

Toutes les personnes intéressées à donner leur avis sur ce projet peuvent écrire, par voie électronique, à la DDTM du Var ddtm-sef@var.gouv.fr. Toutes les informations sur le projet (diverses études d'impact etc.) sont disponibles (téléchargeables) sur ce lien : http://www.var.gouv.fr/demande-de-defrichement-relative-au-projet-de-parc-a6677.html.

La commune d'Artigues avait déjà été l'objet en 2016 d'une enquête publique pour un parc photovoltaïque de 17 ha… lui-même contesté par la commune (rapport disponible sur ce lien http://www.var.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_CE_cle7fbd99-59.pdf). Ce type de projet semble donc le lot de territoires très peu habités comme Artigues…

Vous pouvez -pour encore quelques jours- réagir si vous estimez que le projet d'éoliennes d'Artigues et Ollières constitue un danger pour l'environnement, malgré sa contribution positive en termes d'énergie renouvelable.

(info transmise par Gilles Cheylan)

dimanche 15 octobre 2017

Une sécheresse centenaire ?



Il est certes agréable de vivre sous un soleil quasi-permanent, avec la belle lumière de Provence. Mais pour qui aime les plantes et la nature, ce n'est pas sans souffrance que s'observe cette interminable séquence de beaux jours, avec des précipitations minimales et une végétation qui subit…

Canopée à St-Antonin © Georges Flayols
L'été 2016 avait déjà été très sec. En 2017, les pluies se sont arrêtées dès le printemps, l'été a été souvent torride et les pluies d'automne tardent à arriver. Résultat : si les couleurs des feuillus sont souvent magnifiques (cf. les belles images de la canopée de St-Antonin dues à Georges Flayols), cette explosion chromatique (des frênes, peupliers, trembles, surtout) risque d'être éphémère. Beaucoup de feuilles sèchent sur l'arbre. Les chênes blancs ont un feuillage raréfié, ou bien des pousses directement sur le tronc, avec beaucoup de branches mortes. Au pied des pins eux-mêmes, les aiguilles n'ont jamais été aussi nombreuses et les branches basses se dessèchent. Dans la garrigue, les kermès, les argelas, les romarins, les cistes perdent leurs branches sommitales.

Faute de station climatique disposant d'un recul suffisant pour le massif, il n'y a d'autre solution, pour apprécier le changement du régime des pluies, que de considérer les données sur Aix et Marignane.

Voici ce qu'indique Météo-France :

  • Dans la continuité des mois précédents, septembre 2017 a été très peu arrosé sur le quart sud-est : le déficit pluviométrique y dépasse 60 %. Autour de la basse vallée du Rhône et sur une partie du Languedoc, on a enregistré moins de 20 mm (ou 20 L/m²) de pluie sur le mois;
  • Sur la période globale avril-septembre (6 derniers mois), les précipitations ont été très déficitaires. En Provence-Alpes-Côte-d'Azur, avec 226 mm depuis avril, on atteint un déficit de 44% et 2017 se situe en troisième position derrière 1967 et 1979.
  • Si certaines années comme 1967, 1970 ou 1979 avaient été quasiment aussi sèches sur la période avril-septembre, la grande différence réside dans le niveau des températures : ces années étaient plutôt fraîches, alors que 2017 affiche un excédent de 1°C sur les 6 derniers mois pour la région Sud-Est.
  • Conséquence logique de ce déficit chronique de précipitations, combiné à des températures régulièrement au-dessus des normales, la sécheresse des sols superficiels est proche des records pour un début octobre. Il s'agit de la sécheresse la plus importante jamais mesurée à cette date en au moins 60 années de mesures.

Sur le pays d'Aix (Marignane, graphe ci-dessous), les précipitations observées étaient de l'ordre de 240 mm au 15 octobre 2017, soit grosso modo 50% de la moyenne 1981-2010.


Plus préoccupant, selon les modèles développés dans le cadre des recherches sur le changement climatique, il semble assez probable que les tendances observées ces dernières années deviennent la norme pendant ce 21ème siècle. L'évolution constatée du climat sur les dernières décennies montre une hausse des températures moyennes en Provence-Alpes-Côte d'Azur, de l'ordre de 0,3°C par décennie sur la période 1959-2009, avec une accentuation du réchauffement depuis les années 1980, un réchauffement plus marqué au printemps et en été et une diminution des précipitations…

(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)

mardi 10 octobre 2017

Loups vs. incendies ?



La question a été posée cet été. Chaque année, le loup étend sa présence depuis les Alpes jusqu'à cette pointe de nature enfoncée dans la basse Provence que représente le massif de Sainte-Victoire-Concors, et c'est bien pour la biodiversité. Chaque année aussi (mais, là il faudrait du recul), la région semble devenir plus sèche, plus encline à brûler. Depuis longtemps, la déprise agricole abandonne de nouveaux espaces à des friches, à des broussailles et à des forêts naissantes. Il faudrait que ces territoires, en particulier les prairies herbeuses, puissent continuer à être entretenues par des troupeaux (moutons de préférence aux chèvres, équidés), de façon à éviter l'extension de la forêt. Or les bergers sont de moins en moins enclins à faire paître leurs troupeaux quand la présence, même épisodique, du loup fait peser un risque sur les bêtes et leur maître – qu'il s'agisse de prélèvement (théoriquement compensé) ou de stress (plus complexe à apprécier, et non indemnisé…).

Dans Sainte-Victoire, le berger de Vauvenargues a eu des pertes dues au loup. Le berger de Saint-Antonin est parti avant la fin de son contrat de 5 ans, abandonnant une bergerie-tente qui avait été difficile à faire accepter par la Commission des Sites, et qui se dégrade inexorablement (ce sera bientôt un déchet à évacuer…). Certes, quelques chèvres sauvages habitent le versant sud et le Cengle. Des mouflons assez nombreux occupent les fortes pentes. Et les ânes du Département sur-pâturent les prés sous la Maison Sainte-Victoire, et broutent très extensivement quelques hectares des près de Coquille. Mais tout le reste des glacis du versant sud (plus de 900 ha selon le plan Natura 2000) n'est entretenu qu'en bordure de route. La photo ci-dessous (cliquer dessus pour mieux voir) montre, sur l'exemple du pré en face de la chapelle romane de Saint-Antonin, à quel point les arbres et broussailles gagnent du terrain quand l'espace n'est pas entretenu –en l'occurrence, il s'agit de feuillus (aulnes glutineux), mais le plus souvent, c'est le pin d'Alep qui colonise les prés.
Chapelle du gué de Saint-Antonin à l'automne 2017 (gauche) et 2012 (droite)

Alors, faut-il faire barrage à l'installation durable du loup? Les suivis réalisés par l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (Réseau loup-lynx) montrent que Sainte-Victoire est à présent classée en ZPP (zone de présence permanente) pour le loup. Il n'y a pas forcément encore existence d'une organisation en meute, mais pratiquement toutes les ZPP alpines passent à ce stade un jour ou l'autre. Il est clair qu'une telle présence est a priori très décourageante pour les éleveurs. Donc inquiétante vis-à-vis du risque d'incendie, lequel a aussi d'autres causes (changement climatique, en particulier). Et par ailleurs, si le traitement de la question du loup semble souvent une condition nécessaire pour l'installation ou le maintien de bergers, ce n'est pas une condition suffisante, car il faut aussi régler les questions de locaux (logement et bergerie…).

Le sujet est très polémique et divise les responsables comme les associations. En général, les urbains à sensibilité écologique sont favorables au loup –alors que les habitants du milieu rural regrettent les troupeaux et craignent l'incendie… Peut-on imaginer une "barrière" au niveau de la crête de Sainte-Victoire, le loup étant accepté au nord, refusé au sud – lequel est plus sec, avec des enjeux d'entretien plus exigeants? Cela n'a probablement pas de sens pour une espèce par nature très mobile, très nomade. La cohabitation, avec des enclos sécurisés, des chiens patous? Ces solutions sont contestées par les bergers, et le loup s'y adapte, capable d'attendre ou de contourner les obstacles. En outre, les chiens patous sont parfois agressifs vis-à-vis des promeneurs. Réguler la population de loups, autoriser davantage de prélèvements? Le Ministère de la Transition Ecologique n'a autorisé que l'abattage de 40 loups entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2018, soit le même nombre que pour la période 2016-2017, et dix fois moins qu'espéraient les bergers…

Certains évoquent un modèle italien, ou plus précisément des Abruzzes, avec une plus grande accoutumance au loup. Cette région a déployé sa propre stratégie, associant des bergers souvent immigrés (roumains), un chien de défense pour une cinquantaine de bêtes, des enclos peu esthétiques et un écotourisme centré sur le loup. Un modèle qui ravale les pasteurs au niveau du folklore, avec des sorties naturalistes, et une attirance fondée sur l'imaginaire du loup… Cela peut sembler paradoxalement artificiel.

La question reste donc entière de savoir à qui appartiennent les vastes territoires naturels et qui est légitime pour s'en approprier l'usage (urbains, écologistes, pratiquants, touristes, ruraux, chasseurs, exploitants etc.). L'ASV a envisagé d'organiser un débat sur le sujet, mais les positions semblent peu conciliables. Une réflexion sereine serait pourtant bienvenue... Un article plus complet (réservé à nos membres) sera publié dans notre prochain bulletin fin novembre.  
(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)

samedi 30 septembre 2017

Une faune qui évolue…



Outre le loup ou le chamois, de nouvelles espèces adoptent le massif de Sainte-Victoire (heureusement, car les écureuils et les lièvres se font rares…). Grâce aux observations de Georges Flayols, parapentiste et photographe émérite, nous pouvons voir sur les clichés ci-contre et ci-dessous que :

  • La population de mouflons à manchettes semble s'agrandir; c'est un petit troupeau d'une quinzaine de bêtes que l'on peut voir près du grand éboulis sous la Croix de Provence; d'ailleurs, plusieurs d'entre vous rédigent souvent des commentaires qui vont dans le même sens;
  • Une magnifique palombe albinos (dixit Georges Flayols, votre reporter n'est pas naturaliste…) survole majestueusement chaque soir vers 18 h le col de l'oppidum.

 







Merci à tous ceux qui transmettent des observations. Il est souhaitable (pour ceux qui voient autre chose qu'un banal sanglier !) de rapporter toute rencontre avec la faune sur le remarquable site http://www.faune-paca.org, sur lequel il est facile et utile d'ouvrir un compte personnel.

(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)