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vendredi 6 mars 2015

Richesse et subventions, le débat des départementales



Un article récent de l'Express ranime le débat sur la fiscalité communale dans les Bouches-du-Rhône, sujet sensible dans le département puisque la future métropole devrait aboutir, à partir de 2016, à une péréquation des recettes et prélèvements fiscaux entre communes pauvres (en premier lieu, Marseille) et communes riches (Aix, et en particulier sa banlieue est). Malgré le lissage prévu sur 12 ans et les promesses de l'Etat de contribuer au renouveau de Marseille, les élus et habitants du nord du département sont plutôt réservés sur la réforme bientôt mise en œuvre.

Or, le pourtour de Sainte-Victoire comporte 4 des 10 communes les plus aidées des Bouches-du-Rhône en termes de subventions du Conseil Général (St-Antonin, St-Marc Jaumegarde, Beaurecueil et Puyloubier, cf. tableau) –et ce ne sont pas les plus pauvres du département pour les revenus mensuels par habitant (chiffres de l'INSEE pour la population et les revenus, de la DGCL pour la richesse communale et les subventions). L'ASV avait déjà souligné ce paradoxe au moment des municipales. Mais l'argument du "riche aidé" mérite d'être sérieusement nuancé : il s'agit souvent de communes peu peuplées et à faible densité, dans lesquelles le poids des équipements et réseaux est proportionnellement plus important; le Conseil Général y investit beaucoup (cf. ses domaines de Roques-Hautes, Coquille, la Torse, plus la Maison Sainte-Victoire) pour en faire un "poumon vert" du département; enfin, ces communes ont une vocation d'accueil, elles reçoivent chaque année la moitié de la population des Bouches-du-Rhône (plus d'un million de visiteurs); et si par exemple, des travaux d'enfouissement des câbles sont réalisés, c'est pour que le massif soit plus beau pour tous ceux qui le pratiquent, et pas seulement les habitants.

L'Express attribue au clientélisme et à la séduction des grands électeurs pour les sénatoriales ces inégalités, en écrivant qu'en matière de subventions, "l'heureux habitant de Saint-Antonin vaut  lui seul 240 Aixois et 204 Marseillais". La réalité est beaucoup plus complexe, les chiffres DGCL ne prenant pas en compte les participations du Conseil Général à des opérations d'envergure (et considérées comme non-municipales) comme Euroméditerranée, le MUCEM ou la rocade L2 autour de Marseille. Prudence donc sur ces annonces tonitruantes à l'approche des départementales du 22 mars 2015…

(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)

jeudi 5 mars 2015

Le champ du Chinois, pourquoi?



Cette question m'a été posée par Georges Flayols, éminent parapentiste, photographe et membre de l'ASV –et j'y réponds volontiers. Peu après le grand incendie de 1989, les projets les plus fantaisistes fleurirent sur la montagne calcinée. Beaucoup furent heureusement abandonnés. Mais un jeune et opiniâtre artiste chinois, Huang Yongping, en résidence à l'Ecole des Beaux-Arts d'Aix-en-Provence, réussit à mener à bien sa drôle d'installation, le "Sacrifice au Feu" (cf. présentation résumée). Malgré les protestations des
3 des 8 oratoires, devant l'oppidum calciné
habitants (non contre le geste artistique, mais contre le côté provocateur d'une célébration de l'incendie pour des gens qui vivaient dans la cendre et l'odeur de brûlé depuis plusieurs mois), le maire de Saint-Antonin donna l'autorisation d'ériger 4 cages mobiles contenant respectivement du bois brûlé, de la terre calcinée, des extincteurs et 600 kg de journaux, 8 oratoires en ferrociment de 3,50 m de haut (censés célébrer le cycle de la vie et de la mort du feu), ainsi qu'un talisman sous formes de bandes de plâtre dessinées sur les pentes (et élément "non interprétable", de l'avis même de son auteur…). Le lieu choisi en définitive (l'artiste avait d'abord pensé aux pentes de l'oppidum d'Untinos) fut la grande prairie à l'est du parking des Deux Aiguilles et la petite colline qui surmonte cette prairie (aujourd'hui très populaire pour le pique-nique familial et hélas les drones...).



Les 4 cages mobiles
L'installation n'eut guère de succès. Nulle trace n'en fait part sur internet. Les cages mobiles restèrent quelque temps, puis furent discrètement embarquées, comme les oratoires. Seules les reliques des bandes de plâtre et ce chaux (rayures espacées d'un mètre, sur une centaine de mètres) interpellèrent parfois les parapentistes  - Sainte Victoire n'est pourtant pas une montagne aztèque, malgré les géoglyphes à nouveau tentées lors de la Transhumance de 2013. Quant à Huang Yongping, à en croire sa biographie sur Wikipedia, il est resté en France et reste marqué par l'absurde, la déconstruction et le feu, comme en témoigne cette déclaration fracassante : "L'œuvre d'art est à l'artiste ce que l'opium est à l'homme. Avant que l'art soit détruit, la vie n'est jamais paisible. Dada est mort. Attention au feu." Bref, mystère et boule de gomme. Perplexes, mais loyaux, les Saint-Antonéliens baptisèrent le lieu du joli nom de "champ du Chinois". Et cela du moins est resté…

(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)

mardi 3 mars 2015

Retour provisoire du berger à Saint-Antonin



Didier Vaiser, le berger, ou plutôt le chevrier de Saint-Antonin, a refait son apparition sur le plateau début mars 2015. Mais ce n'est hélas que pour une courte période de 2 mois (nécessaire pour qu'il assure son contrat minimal avec la municipalité et touche ses primes européennes). Il doit ensuite démonter la tente qui est située près du Bayon, au sud du champ du Chinois, et effectuer une courte transhumance vers le domaine de Saint-Hilaire (Ollières, Var), où il pourra bénéficier de perspectives à plus long terme.

Après cet échec (pour le Grand Site et la municipalité de Saint-Antonin), la question de l'agro-pastoralisme, pourtant souhaité dans les documents Natura 2000 et autres plans de gestion du massif, reste donc entière. La cohabitation du berger avec les habitants et les visiteurs ne semblait pas poser de problèmes. Cela semble moins évident pour les chasseurs, qui n'apprécient pas forcément que les espaces de broussailles s'ouvrent et que le gibier soit dérangé. Pour tout compliquer, notre ami, compère le loup, est annoncé. En outre, le maintien d'un berger sur place implique que des solutions soient apportées aux problèmes de logement (le berger actuel venait chaque jour d'Oraison, il vient d'acquérir une caravane, stationnée au camping de Beaurecueil) et de rentabilité de l'activité (surtout possible si une transformation du lait, par exemple en fromage, est réalisée, mais cela nécessite un équipement assez coûteux). Il reste qu'un gigantesque espace de prairies et de garrigues doit être entretenu (près de 1 000 hectares) et que l'agro-pastoralisme est souvent préférable aux autres options (débroussaillement mécanique, brûlage etc.). Avis aux bergers intéressés !

(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)