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mercredi 26 février 2014

Biodiversité et protection des espèces menacées dans Sainte-Victoire



Avec cet hiver chaud, le GSSV n'a pas tardé à mettre en place une signalisation de protection des aigles de Bonelli (voir photo), dont la période de nidification pourrait commencer plus tôt. Le Pas des Dinosaures, le site de décollage des parapentistes et l'ancien champ de tir ne sont plus accessibles. L'interdiction du champ de tir est aussi signalée dans le Parc de Roques Hautes. Le couple d'aigles n'ayant pas encore fixé son nid, le sentier jaune qui monte vers le Cengle au Pas de la Vache, a été fermé. A Saint-Ser il n'y a aucune restriction de parcours sur les trois tracés (rouge, vert et bleu). A noter que comme l’avait proposé l’ASV, le motif de l'interdiction est indiqué sur les panneaux, ce qui devrait contribuer à une meilleure compréhension de la mesure par le public et on l'espère, un meilleur respect.

Ce n’est pas le cas pour la ripisylve du Bayon, partiellement protégée en amont du village de Saint-Antonin, avec une information plus mystérieuse (autre photo). Les rives du Bayon accueillent toute une population d’insectes et d’oiseaux, mais aussi une des dernières colonies existantes d’écrevisses, ce qui témoigne d’une bonne santé de l’écosystème.

(Jean-Paul Bouquier, B. de St-Laurent, ASV)

lundi 24 février 2014

Des alternatives aux pesticides pour la viticulture



Avec une apiculture relativement développée (une vingtaine de sites de ruches sur la seule façade sud), le massif de Sainte Victoire est forcément concerné par le débat sur l’utilisation des pesticides pour la viticulture. Actuellement, une vingtaine de domaines viticoles proposent des vins biologiques ou sont en conversion sur le massif (en étendant un peu ses frontières à la plaine de l’Arc…), selon un inventaire récent (et certainement incomplet) de l’ASV.

Selon les données du Ministère de l’Agriculture, la vigne n’occupe que 3,7% de la surface agricole utile en France, mais consomme 20% des pesticides, dont une majorité de fongicides. Les viticulteurs et les personnes habitant près des vignes sont particulièrement exposés aux maladies liées à ces produits chimiques (voir par exemple la très intéressante enquête de Générations Futures sur ce lien).

Selon une enquête de Que Choisir datant de l’automne 2013 (La peste soit des pesticides !), il y aurait 300 fois plus de résidus de pesticides dans le vin que dans l’eau potable. En analysant une centaine de vins issus de différentes régions viticoles françaises, le magazine a détecté des résidus ou traces de pesticides dans tous les échantillons, les vins de Bordeaux remportant la palme avec des quantités totales de résidus allant de 441 μg/kg à 1682 μg/kg. Dans ce dernier cas (un vin blanc), la teneur en résidus de pesticides est ainsi 3364 fois plus élevée que la norme appliquée à l’eau potable (0,5 μg/kg). Selon l’analyse de Que Choisir, les vins blancs sont plus chargés (242 μg/kg en moyenne contre 114 μg/kg pour les rouges et 95 μg/kg pour les rosés). Les vins bio ne seraient pas totalement épargnés, avec des traces, et même parfois des résidus avérés de pesticides, probablement du fait d’un épandage de pesticides venant de parcelles voisines. Ils sont toutefois très nettement moins dangereux. Même si les professionnels de la filière industrielle cherchent à rassurer, reste cette question : pourquoi la norme admise pour l’eau potable est-elle 300 fois inférieure à ce qu’on détecte en moyenne dans le vin? Est-ce que l’on boit 300 fois plus d’eau que de vin ?

Bien que la part des domaines viticoles convertis au bio ne cesse d’augmenter, ceux-ci restent encore très minoritaires (tout au plus 10% des exploitations en 2014). Une exploitation bio n’élimine pas, bien sûr, toutes les pulvérisations, mais en diminue nettement la fréquence (8 à 10 passages par an, contre 13 pour l’agriculture raisonnée et plus de 20 pour l’agriculture chimiquement intensive) et surtout s’interdit d’utiliser tout produit chimique dangereux pour la santé, comme certains perturbateurs endocriniens (manèbe, diméthoate, etc.) ou agents potentiellement cancérigènes (cypronazole, mancozèbe etc.). Même pour la conservation du vin, les viticulteurs bio limitent la quantité de sulfites censés annihiler les bactéries indésirables ou limiter l’oxydation. Le taux de soufre moyen observé est de 57 mg/litre pour l’offre de vins du réseau Biocoop, contre 100 mg/litre autorisés en vinification bio et 150 mg/litre en classique.

Tout le débat actuel autour d’un exploitant condamné pour avoir refusé d’épandre un produit contesté renforce l’intérêt d’une réflexion sur la limitation de l’agriculture « industrielle » autour du massif de Sainte Victoire. Cela peut être un grand atout pour le pays de Sainte Victoire que d’afficher une stratégie de conversion systématique à des méthodes de cultures raisonnées ou biologiques.

(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)

vendredi 21 février 2014

Communes du Grand Site : une très grande diversité socio-démographique, une fiscalité plutôt maîtrisée, un avenir incertain



A l’occasion des élections municipales de mars 2014, l’ASV a réalisé une petite analyse de la situation démographique, sociale et financière des communes du Grand Site Sainte Victoire (GSSV). Cette étude porte sur les 15 communes du GSSV, auxquelles ont été adjointes Pourrières, ainsi que Marseille et Gardanne, à titre de référence (et aussi pour apprécier la situation « avant-Métropole »).

Les différences démographiques et sociales sont frappantes entre ces diverses communes (cliquer ici pour obtenir le tableau de synthèse ASV établi à partir de sources INSEE et IGN) : bien sûr en termes de population globale (avec de très petites communes comme Saint-Antonin, et à un degré moindre, Beaurecueil, Vauvenargues et Saint-Paul-les-Durance, toutes moins de 1 000 habitants en 2012), mais aussi en termes de pyramide des âges (Aix est la commune où les jeunes sont les plus représentés, avec 27,4% de 15-29 ans, alors que Beaurecueil, avec sa maison de retraite, compte 21,5% de plus de 75 ans). Les revenus par foyer fiscal vont de 1 à 3 entre les communes plutôt populaires (Rians, Peyrolles, à l’instar de Gardanne et Marseille, avec 20 à 25 000€ par foyer fiscal) et les communes les plus riches (Saint-Marc-Jaumegarde, plus de 65 000€ par foyer, Le Tholonet et Saint-Antonin, environ 44000€ par foyer). Les catégories socio-professionnelles témoignent d’un faible mixage social dans la plupart des communes du massif. Les options politiques sont assez corrélées aux revenus, choix majoritaire pour la gauche dans les communes les plus pauvres, choix pour la droite ailleurs. Le Front National n’a une place significative qu’à Pourrières et à Rians. Pour en savoir plus avec la base de données nationale des Echos (exemple d'Aix).

Concernant la situation financière des communes, la principale source de données est la base Alizé 2 du Ministère des Finances, laquelle collecte chaque année toutes les informations comptables de l’ensemble des communes de France. Une visualisation intéressante à l’échelle de l’hexagone est disponible sur ce lien (et montre que, globalement, les communes du sud-est seraient plutôt dépensières). En zoomant sur les 15 communes du Grand Site, il a été possible de récupérer ces données pour les années 2000 et 2012 (dernière année publiée). Cliquer ici pour obtenir le tableau ASV de la fiscalité des communes du GSSV. En analysant les charges et produits par habitant, et leur évolution entre 2000 et 2012, il est possible de se faire une idée de la santé financière des communes du pays de Sainte Victoire et des tendances qui se dessinent :

  • L’échantillon est bien sûr très diversifié, entre les villes (Aix, Marseille, Gardanne) et des villages plus ou moins importants ; de même, certaines communes même modestes ont des recettes liées aux entreprises (par exemple Rousset, Le Tholonet) et d’autres non.
  • Globalement, les communes du massif semblent plutôt bien gérées. La dette est maîtrisée (en charge annuelle, une centaine d’euros par habitant en moyenne, sauf à Rousset, 604€). Les impôts locaux restent dans une fourchette encore raisonnable (278 à 693€/habitant, contre près de 1 100€ à Gardanne, Rousset étant un cas particulier avec une zone industrielle significative par rapport à la taille de la commune). Certaines communes ont un important excédent brut de fonctionnement (Saint-Paul-les-Durance, Saint-Antonin).

Les inquiétudes à venir sont liées aux dépenses d’équipement et au fonctionnement :

  • Du fait de projets municipaux importants par rapport à la surface financière des communes (alimentation en eau, réservoirs), les dépenses d’équipement ont progressé de plus de 1 000% à Beaurecueil, de 983% à Saint-Antonin, de 339% à Vauvenargues, de 260% à Saint-Marc-Jaumegarde (ceci peut être lié à des projets singuliers menés en 2012). Même si ces projets sont largement financés par des subventions extérieures, ils généreront des coûts récurrents non négligeables (maintenance, entretien), dans un contexte de financement plus tendu pour les collectivités locales.
  • Les dépenses de personnel varient entre 123€/habitant (Rousset) et environ 600€/habitant (Aix, Saint-Marc-Jaumegarde, Saint-Antonin), assez loin des 916€ de Gardanne et des 1 558€ de Rousset (dans les deux cas, il s’agit de communes industrielles). Toutefois ce poste, qui constitue la part majeure des dépenses de fonctionnement, a beaucoup augmenté entre 2000 et 2012 (+205% à Chateauneuf-le-Rouge, +157% à Saint-Antonin, environ +80% au Tholonet ou à Pourrières). Face à cet accroissement, la dotation globale de fonctionnement a parfois diminué (-10% à Saint-Paul-les-Durance, -6% environ à Saint-Antonin et à Jouques) et devrait continuer à diminuer dans l’avenir, équilibre budgétaire national oblige.

Le projet de métropole va certainement redistribuer les cartes à l’échelle du département. En attendant les arbitrages qui devront s’établir entre communes denses à revenu faible et périphérie moins peuplée mais plus riche, il semblerait prudent de limiter les aspirations d’aménagement des communes du massif. D’autant plus qu’aucun projet majeur ne s’impose à moyen terme, hormis la préservation d’un patrimoine exceptionnel.

(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)

dimanche 2 février 2014

Centrale biomasse de Gardanne : un projet très controversé



Le méga-projet de centrale à biomasse de Gardanne soulève beaucoup d’inquiétudes en raison de ses conséquences sur la forêt régionale et d’éventuelles pollutions. Il s’agit d’une énorme chaudière de 150 MW qui remplacerait l’unité 4 de la centrale actuelle à charbon (unité de 250 MW arrêtée depuis quelques mois, car trop polluante selon la réglementation européenne). Cette centrale brûlerait les bois et résidus forestiers de toute la région au sens large (environ 800 000 tonnes de bois par an, soit 1 million de m3, ramassage sur une zone de 400 km, ce qui implique la circulation de plusieurs centaines de camions chaque jour).

Au premier abord, le projet est séduisant, puisqu’il s’agit de mieux utiliser une forêt provençale insuffisamment exploitée (peu savent que le Var, par exemple, possède la 3ème forêt de France après les Vosges et les Landes). Il crée aussi des emplois sur le site de Gardanne et permet de renforcer l’indépendance énergétique de la région (même si, pendant 10 ans, 30 à 50% du bois utilisé comme combustible viendra de destinations lointaines comme le Canada ou l’Afrique du Sud). Cet investissement contribuera en théorie à améliorer le bilan CO2 régional de 600 000 tonnes par an.

C’est pourquoi une autorisation a été donnée fin 2012 par le Ministère du Redressement Productif à l’exploitant E.ON, à la suite d’un appel d’offres biomasse plutôt envisagé au départ pour des unités plus réduites (20 à 40 MW, comme la centrale de Brignoles ou la chaufferie urbaine en projet à Aix-en-Provence). Il s’agit donc d’un coup parti, et un investissement de 230 millions d’euros est d’ores et déjà engagé sur le site.

Cependant, le projet est jugé néfaste par différents élus et associations, qui ont introduit des recours (notamment sur la faiblesse de l’enquête publique). La procédure a été très discrète et les règles d’information n’auraient pas été totalement respectées. Ce projet risque du fait de sa taille d’assécher la ressource bois (et d’élever les prix) pour les multiples petits projets bioénergies de taille plus raisonnable et pour la filière « pâte à papier » (usine de Tarascon). Il peut aussi conduire à une exploitation très intensive de la forêt, pour des raisons de rentabilité (coupes à blanc etc.). Enfin certains opposants mettent en avant le risque de pollution aux abords de la centrale, notamment si des bois traités, mélaminés ou déchets du BTP sont brûlés (écoles et habitat dans la proximité immédiate du site). Bref, le projet est parfois dénoncé comme un « grand incinérateur caché ».

Pour E.ON, il s’agit, pour ce qui concerne la région, d’utiliser surtout les résidus de débroussaillage, ce qui serait donc plutôt utile. A terme, des parcelles à croissance rapide seraient consacrées à la production de bois combustible, par exemple dans les délaissés de la Durance. Pour ce qui concerne les végétaux venant du débroussaillement et de l’entretien des forêts (quelques m3 par hectare), la mobilisation sera plus difficile et plus coûteuse. De plus, en Provence, il est important de restituer au sol ce qui a pu y pousser et donc de laisser sur place, dans les espaces débroussaillés, les résidus de broyage. Cela aide à constituer un humus, presque toujours insuffisant dans nos climats.

Pour aider les visiteurs de ce site à se faire une idée sur le pour et le contre du projet, plusieurs documents sont téléchargeables : annonce de l’électricien E.ON, dossier de presse sommaire, position critique des maires du Parc Naturel du Lubéron, appel des forestiers des départements alpins de PACA, point de vue des riverains de la centrale, enfin recours de différentes associations dont France-Nature-Environnement et les Amis de la Terre.

Lors de son CA du 21 janvier, l’ASV a adopté une position prudente, en souhaitant rassembler davantage d’éléments objectifs (création nette d’emplois, études d’impact liées au paysage, à la biodiversité, au trafic et à la pollution, bilan carbone), actuellement non disponibles. L’ASV veillera en tout état de cause « à ce que les coupes éventuelles dans le Grand Site Sainte Victoire se fassent en conservant les espaces sensibles au titre de la protection du paysage et de la biodiversité ».

Pour ceux qui souhaiteraient prendre position pour demander un réexamen ou un retrait du projet, une pétition a été mise en ligne sur Change.org, un moyen efficace pour peser sur les différents responsables.

(B. de Saint-Laurent et CA ASV)