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lundi 24 février 2014

Des alternatives aux pesticides pour la viticulture



Avec une apiculture relativement développée (une vingtaine de sites de ruches sur la seule façade sud), le massif de Sainte Victoire est forcément concerné par le débat sur l’utilisation des pesticides pour la viticulture. Actuellement, une vingtaine de domaines viticoles proposent des vins biologiques ou sont en conversion sur le massif (en étendant un peu ses frontières à la plaine de l’Arc…), selon un inventaire récent (et certainement incomplet) de l’ASV.

Selon les données du Ministère de l’Agriculture, la vigne n’occupe que 3,7% de la surface agricole utile en France, mais consomme 20% des pesticides, dont une majorité de fongicides. Les viticulteurs et les personnes habitant près des vignes sont particulièrement exposés aux maladies liées à ces produits chimiques (voir par exemple la très intéressante enquête de Générations Futures sur ce lien).

Selon une enquête de Que Choisir datant de l’automne 2013 (La peste soit des pesticides !), il y aurait 300 fois plus de résidus de pesticides dans le vin que dans l’eau potable. En analysant une centaine de vins issus de différentes régions viticoles françaises, le magazine a détecté des résidus ou traces de pesticides dans tous les échantillons, les vins de Bordeaux remportant la palme avec des quantités totales de résidus allant de 441 μg/kg à 1682 μg/kg. Dans ce dernier cas (un vin blanc), la teneur en résidus de pesticides est ainsi 3364 fois plus élevée que la norme appliquée à l’eau potable (0,5 μg/kg). Selon l’analyse de Que Choisir, les vins blancs sont plus chargés (242 μg/kg en moyenne contre 114 μg/kg pour les rouges et 95 μg/kg pour les rosés). Les vins bio ne seraient pas totalement épargnés, avec des traces, et même parfois des résidus avérés de pesticides, probablement du fait d’un épandage de pesticides venant de parcelles voisines. Ils sont toutefois très nettement moins dangereux. Même si les professionnels de la filière industrielle cherchent à rassurer, reste cette question : pourquoi la norme admise pour l’eau potable est-elle 300 fois inférieure à ce qu’on détecte en moyenne dans le vin? Est-ce que l’on boit 300 fois plus d’eau que de vin ?

Bien que la part des domaines viticoles convertis au bio ne cesse d’augmenter, ceux-ci restent encore très minoritaires (tout au plus 10% des exploitations en 2014). Une exploitation bio n’élimine pas, bien sûr, toutes les pulvérisations, mais en diminue nettement la fréquence (8 à 10 passages par an, contre 13 pour l’agriculture raisonnée et plus de 20 pour l’agriculture chimiquement intensive) et surtout s’interdit d’utiliser tout produit chimique dangereux pour la santé, comme certains perturbateurs endocriniens (manèbe, diméthoate, etc.) ou agents potentiellement cancérigènes (cypronazole, mancozèbe etc.). Même pour la conservation du vin, les viticulteurs bio limitent la quantité de sulfites censés annihiler les bactéries indésirables ou limiter l’oxydation. Le taux de soufre moyen observé est de 57 mg/litre pour l’offre de vins du réseau Biocoop, contre 100 mg/litre autorisés en vinification bio et 150 mg/litre en classique.

Tout le débat actuel autour d’un exploitant condamné pour avoir refusé d’épandre un produit contesté renforce l’intérêt d’une réflexion sur la limitation de l’agriculture « industrielle » autour du massif de Sainte Victoire. Cela peut être un grand atout pour le pays de Sainte Victoire que d’afficher une stratégie de conversion systématique à des méthodes de cultures raisonnées ou biologiques.

(Bénédict de Saint-Laurent, ASV)

5 commentaires:

  1. Influence inattendue des pesticides... Un article récent
    Le sperme est de meilleure qualité à Rennes qu'à Bordeaux
    Par Alexis Toulon / Publié le 27 février 2014 à 21h05
    Toutes les régions sont touchées par une baisse de la qualité du sperme, mais le phénomène est plus fort dans celles qui utilisent des pesticides.

    Une étude avait déjà sonné l’alarme, une analyse plus poussée de ces données le confirme : la qualité du sperme au niveau national est en chute libre. La concentration de spermatozoïdes a baissé de 30% en seize ans. L’Institut de veille sanitaire et l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont utilisé la base de données "Fivnat" pour regarder l’état de nos bourses au niveau régional entre 1989 et 2005. Les inégalités sont frappantes, et les régions agricoles qui utilisent des pesticides sont particulièrement touchées.

    Les spermatozoïdes sensibles à l’environnement. L'Aquitaine et Midi-Pyrénées sont les lanternes rouges du sperme français. Les deux régions sont en queue de peloton avec un déclin plus marqué que la moyenne nationale. Les auteurs correllent cette tendance à la forte orientation agricole de l’activité économique et au plus important niveau d’exposition de la population aux pesticides du territoire. La Bourgogne est également fortement touchée. Comme le rappellent les auteurs de l’étude, les activités viticoles "sont celles où l'on utilise le plus de pesticides proportionnellement à la surface agricole".

    La Bretagne et la Franche-Comté se portent bien. Les deux régions ont connu une tendance inverse : la qualité des spermatozoïdes a progressé sur la période. Les Pays de la Loire présentent également une tendance à l’amélioration. L’Auvergne et le Languedoc-Roussillon sont celles où la concentration de spermatozoïde a connu l’évolution la plus positive.

    Un large échantillon. L’étude initiale, présentée en 2012, portait sur 26.000 hommes ayant participé à un programme d'assistance médicale à la procréation (AMP) dans les 126 principaux centres de France métropolitaine, entre le 1er janvier 1989 et le 31 décembre 2005. Les chercheurs n’avaient retenu que ceux dont la partenaire était stérile, afin d’avoir un échantillon de personnes dont la qualité de sperme se situait dans la moyenne nationale. Les résultats avaient de quoi faire peur : "une diminution significative et continue de la concentration du sperme atteignant 32,2 %". Un homme de 35 ans a vu la concentration moyenne passer de 73,6 millions de spermatozoïdes par millilitre (ml) de sperme en 1989 à 49,9 millions/ml en 2005. Ceux présentant une morphologie anormale ont vu cette concentration passer de 60,9 % à 39,2 % sur la même période.

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  2. Plusieurs vins du massif ont été primés au Concours Général Agricole de 2014 selon cet article de Manuel Gros dans La Provence. Mais bien peu hélas sont bio dans cet échantillon.

    Sainte-Victoire : quand la vigne gagne sur plusieurs tableaux (extraits)
    Aix-en-Provence Dimanche 02/03/2014

    Traditionnellement, le journal des bonnes nouvelles est moins vendeur que celui des catastrophes. Mais vu qu'on ne le crie guère dans les rues en ce moment, la page qu'on a ramené de la Vinothèque de Trets a valeur de rareté.

    L'association des Vignerons de la Sainte-Victoire, y présentait le butin récolté au Concours général agricole 2014. Bilan : 30 médailles pour 14 des 28 sociétaires que compte l'association (24 domaines et 4 caves coopératives) et le très exceptionnel 4e prix d'excellence consécutif (10 attibués par concours), récompensant le Domaine des Diables de Puyloubier pour son ratio médailles obtenues-échantillons présentés et primés au concours depuis trois ans.

    Vu que dans la légion de distinctions viticoles, le consommateur se fie majoritairement au très sérieux Concours agricole parisien, cette récolte n'est donc pas négligeable. (...)

    Suite sur : http://www.laprovence.com/article/economie/2773905/sainte-victoire-quand-la-vigne-gagne-sur-plusieurs-tableaux.html

    Les vins primés au Concours général agricole 2014
    Médailles d'or
    AOC Côtes de Provence Sainte-Victoire
    Rouge 2011 : Château Coussin (Trets). Rosé 2013 : Les Vignerons du Baou (Pourcieux), Cellier Lou Bassaquet (Trets), Cuvée L'Hydropathe du Domaine Sainte-Lucie (Puyloubier), Domaine Sainte-Lucie (Puyloubier), Les Vignerons du Mont Sainte-Victoire pour deux cuvées (Puyloubier), Château Grand Boise (Trets).

    AOC Côtes de Provence
    Rosé 2013 : Cuvée Roumery du Château des Ferrages (Pourcieux), Cuvée Arbaude du Mas de Cadenet (Trets). Blanc 2013 : Cuvée Domaine Beyssanne Les Vignerons du Baou (Pourcieux).

    IGP des Bouches-du-Rhône (Vins de Pays)
    Rouge 2012 : Cuvée Exception Syrah du Domaine des Masques (Saint-Antonin sur Bayon). Rosé 2013 : Cuvée Essentielle du Domaine des Masques. Blanc 2013 : Cuvée Essentielle du Domaine des Masques

    Médailles d'argent
    AOC Côtes de Provence Sainte-Victoire
    Rosé 2013 : Cuvée Mazurka du Domaine de l'Anticaille (Trets), Cuvée Domaine de Vitalis Les Vignerons du Baou (Pourcieux), Cuvée Rose Bonbon du Domaine des Diables (Puyloubier), Les Vignerons du Mont Sainte-Victoire (Puyloubier).

    AOC Côtes de Provence
    Rouge 2012 : Cuvée Rascailles du Cellier Lou Bassaquet (Trets). Rosé 2013 : Cuvée Domaine la Guinguette Les Vignerons du Baou (Pourcieux), Cuvée la Croix du Prieur Château Coussin (Trets). Domaine de Mauvan (Puyloubier). Cuvée Confidences Les Vignerons du Mont Sainte-Victoire (Puyloubier). Blanc 2013 : Cuvée Rascailles du Cellier Lou Bassaquet (Trets). Cuvée Prestige du Domaine de Saint Ser (Puyloubier).

    Médailles de bronze
    AOC Côtes de Provence
    Rouge 2012 : Cuvée Spéciale du Cellier Lou Bassaquet (Trets). Blanc 2013 : Cuvée Made In Provence Classic du Domaine Sainte-Lucie (Puyloubier).

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  3. aujourd hui traitement dans les vignes de puyricard, on reste enfermé tellement ça pue !

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  4. Cet article à charge est bourré d'erreur et d'amalgames honteux démontrant bien la méconnaissance du sujet par la personne qui le publie.je ne m'étendrai pas mais un seul exemple: Le nombre de traitement vigne en bio est bien supérieur à ceux effectués en agriculture raisonnée ou conventionnelle contrairement à ce qui est écrit. Tout simplement par ce que les produits bio (soufre et cuivre) ont des rémanences très faibles et de plus sont lessivables. Ils doivent donc être renouvelés plus souvent ainsi qu'après tout épisode pluvieux ce qui n'est pas le cas des produits de synthèse.

    Sébastien Ballester
    Domaine des Masques
    Vigneron bio

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  5. Les chiffres que donne l'article (en particulier sur les fréquences des épandages) sont ceux de l'enquête de Que Choisir de 2013. Il est possible que ces données soient erronées ou que les méthodes de traitement des vignes bio aient évolué (l'argumentation de Sébastien Ballester fait sens -dans ce cas merci à lui de nous éclairer et d'indiquer également les autres erreurs).

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